Face à Félix Tshisekedi lundi 9 novembre 2020, au Palais de la Nation, Denis Mukwege n’a pas été complaisant. Le célèbre réparateur des femmes a demandé au chef de l’État la fin de l’impunité, « qui bloque le décollage de la RDC ». Sans citer des noms, Dénis Mukwege insinue même que ceux qui ont commis des crimes de guerre et de sang, des crimes économiques et contre l’humanité « occupent des postes stratégiques au sein des institutions de la République et sont aussi membres influents de la coalition qui co-gère le pays ».
« S’il y a dans la coalition FCC-CACH des personnes qui ont commis des crimes, elles doivent répondre de leurs actes. Je pense que la coalition ne peut pas être une espèce d’oasis où se cachent les criminels », a-t-il lâché avant de faire savoir que « les crimes nous concernent tous. Il ne peut pas y avoir des prescriptions par rapport aux crimes contre l’humanité ».
« Moi, je ne suis pas la justice pour savoir telle ou telle autre personne a commis des crimes, mais si vous êtes dans la coalition et que c’est attesté que vous avez commis des crimes de guerre, des crimes économiques ou des crimes contre l’humanité, vous devez répondre de vos actes », insiste t-il. Pour y parvenir, Dénis Mukwege a aussi fait part à Félix Tshisekedi la question de la justice.
« Les crimes ne peuvent pas restés impunis. Parce que les criminels continuent à insécuriser l’Est de notre pays, voire toute la République. Il faut une lutte contre l’impunité qui passera par la mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping (…) Il y a nécessité de faire une deuxième cartographie qui va nous permettre de répertorier tous les crimes qui ont été commis depuis 2003 à ces jours (…) Il faut une justice transitionnelle qui incluera les mécanismes de poursuites et de jugement internationaux mais également nationaux », a déclaré le prix Nobel de la paix.
Josué Mfutila