« Quels sont les résultats possibles que Félix Tshisekedi , l’UDPS et/ou le peuple peuvent attendre des consultations ? « . C’est à cette question qu’Adolphe Muzito a tenté de répondre le samedi dernier à Tshangu face à une parterre des membres est sympathisants de Nouvel Élan venus prendre par au dialogue vertical. L’ancien Premier ministre envisage cinq scénarii possibles.
Pour le premier scénario, Adolphe Muzito prend l’hypothèse que Félix Tshisekedi échoue dans le recrutement de nouveaux députés en vue de former une nouvelle majorité parlementaire et donc de conclure un nouvel accord. « Il se verrait dans l’obligation de rentrer auprès de Kabila pour continuer leur accord, sans perspectives d’une quelconque réforme institutionnelle. Ce scénario lui affaiblira davantage et réduira davantage sa capacité de réaliser sa vision », estime l’homme fort de Nouvel Élan.
Le deuxième scénario, Muzito se met dans le contexte ou Félix Tshisekedi réussit à recruter quelques députés, à augmenter son poids au sein de l’Assemblée nationale ainsi que son quota au sein de la coalition FCC-CACH, mais n’arrive ni à avoir une majorité parlementaire ni à avoir le contrôle de ses fonctions régaliennes, dont la Défense et la Justice ainsi que la gestion des Finances et des Mines. « Dans ce cas de figure encore une fois, Félix Tshisekedi ne pourra pas matérialiser son programme économique et social », pense-t-il ajoutant que « la crise dans le pays ne trouvera pas un début de solution ».
Dans le troisième scénario, Adolphe Muzito considère que Félix Tshisekedi réussit à requalifier la majorité parlementaire, en obtenant l’adhésion à son union sacrée, de quelques députés du FCC et/ou de LAMUKA. Or, explique-t-il, « Kabila tient tellement à Félix Tshisekedi et à l’accord de coalition pour gouverner ensemble alors qu’il n’avait pas besoin de ce dernier pour former la majorité parlementaire ». « Sa stratégie consisterait à faire porter à Tshisekedi la responsabilité du bilan négatif de la législature lors de la prochaine présidentielle », analyse Muzito.
Et si Félix Tshisekedi lève l’option de dissoudre l’Assemblée nationale par un coup de force, « puisque du point de vue constitutionnel, une ordonnance de dissolution de l’Assemblée Nationale est soumise à un contreseing du Premier Ministre qui est du FCC », cette quatrième option présente plusieurs inconvénients, souligne le président de Nouevel Envol.
Selon Adolphe Muzito, « les élections anticipées ne concerneront que les législatives et non la présidentielle, pourtant l’institution Président de la République est aussi concernée par la crise de légitimité ». Mais aussi, poursuit-il, « la difficulté voire impossibilité d’organiser les élections législatives dans les soixante jours, d’où une situation d’inconstitutionnalité ».
A défaut d’organiser les élections dans les soixante jours, affirme Muzito, « nous entrerons dans une période d’exception où le Président pourrait s’approprier les compétences du Parlement avec risque d’une dérive dictatoriale ». Au cas où les législatives étaient organisées dans les soixante jours, envisage-t-il, « il n’y a pas de garanties que Félix Tshisekedi gagnerait par les urnes, une majorité parlementaire, pour rentrer dans une situation normale, d’un Président de la République, disposant d’une majorité parlementaire et de ses fonctions régaliennes ».
Dans le cinquième scénario, Adolphe Muzito envisage que « toutes les parties prenantes à la crise congolaise dégageraient un consensus autour des réformes structurelles comme préalables aux élections générales anticipées ». Il fait allusion au Plan de sortie de crise proposé par Martin Fayulu.
Pour Muzito, « cette option a l’avantage de mettre fin à l’illégitimité et à une alliance contre-nature qui a mis à la tête du pays, un monstre institutionnel, à savoir un Président de la République sans majorité parlementaire et sans maitrise des fonctions régaliennes », soutient Muzito lors de ces échanges avec sa base.
Rachidi Mabandu