À un mois de sa visite en RDC, le Pape François remet au secrétaire d’État du Vatican une lettre de démission « en cas d’empêchement médical »

Les soupçons sur la démission du Pape François dont la visite pastorale est prévue en République démocratique du Congo (RDC) fin janvier et début février 2023 pour une deuxième fois, après une première manquée en raison de santé, s’authentifient.

Dans une interview accordée au quotidien espagnol ABC, le Pape affirme avoir remis au secrétaire d’État du Vatican une lettre contenant sa démission en cas d’ « empêchement médical ». Le Souverain pontife révéle qu’il s’était comporté comme son prédécesseur qu’il a lui-même proclamé Saint.

François a agit comme son précédent Paul VI


Le Pape Montini avait écrit une lettre en 1965 dans laquelle il affirmait qu’il renoncerait au trône de Pierre en cas de maladie invalidante ou d’empêchement grave. Elle avait été rendue publique en 2018 dans un livre écrit par Mgr Leonardo Sapienza.

Mais pour le cas du Pape François, la date exacte de ce document n’est pas révélée à la presse, mais la référence à Tarcisio Bertone comme secrétaire d’État le situe dans les premiers mois du pontificat, étant donné que déjà en octobre 2013 Pietro Parolin avait repris le rôle de principal collaborateur de l’évêque de Rome.

Le geste de François retrace celui du Pape Montini. Plusieurs témoins des décennies passées avaient parlé des lettres de renonciation de Paul VI, mais jusqu’en mai 2018, elles n’avaient pas été rendues publiques. Le régent de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, spécialiste de Montini et auteur de nombreux ouvrages sur celui qui a dirigé l’Église de 1963 à 1978, menant à bien le Concile œcuménique Vatican II et les treize premières années de sa mise en œuvre, les a faits connaître, lui aussi dans une reproduction anastatique de l’original. Le livre contenant ces documents de Paul VI est intitulé « Le bateau de Paul » (Edizioni San Paolo).

« Nous, Paul VI… déclarons, en cas d’infirmité présumée incurable ou de longue durée… ou en cas de tout autre empêchement grave et prolongé… renoncer » « à notre charge », peut-on lire dans ces pages…

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La lettre est écrite de l’écriture très claire du Pape Montini et est datée du 2 mai 1965. Elle a donc été écrite par Paul VI non pas lorsqu’il était âgé ou malade, mais seulement deux ans après son élection, alors que le Concile était encore ouvert. Par ce texte, le Pape a voulu mettre l’Église à l’abri de sa longue incapacité : une lettre de renonciation anticipée, qui dans ce cas avait été remise au cardinal doyen pour qu’il puisse la faire connaître aux autres cardinaux et déclarer le Pontife déchu.

Il y avait en fait deux lettres du Pape Montini, parce qu’avec celle de la démission, il y a une lettre d’accompagnement adressée au secrétaire d’État – qui est certainement le texte le plus fort. Et il est significatif que ce document ait également été commenté par le Pape François qui, dans une contribution publiée dans le livre édité par Sapienza, écrit : « J’ai lu avec étonnement ces lettres de Paul VI qui me semblent un témoignage humble et prophétique d’amour pour le Christ et son Église ; et une preuve supplémentaire de la sainteté de ce grand Pape… Ce qui lui importe, ce sont les besoins de l’Église et du monde. Et un Pape empêché par une maladie grave ne pourrait pas exercer son ministère apostolique de manière suffisamment efficace ».

Maladie ou empêchement grave

Le texte de la lettre principale, « confidentielle » et adressée au doyen du Sacré Collège, sur papier à en-tête avec les armoiries papales, s’ouvre sur ces mots: « Nous, Paul VI, par la divine Providence, évêque de Rome et pontife de l’Église universelle, en présence de la Très Sainte Trinité Père, Fils et Saint-Esprit, – avons invoqué le nom de Jésus-Christ, notre Maître, notre Seigneur et notre Sauveur… ».

Il est ensuite confié à Marie et Joseph. Puis la formulation du renoncement proprement dit, avec les détails.

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« Nous déclarons : en cas d’infirmité, présumée incurable ou de longue durée, qui nous empêche d’exercer suffisamment les fonctions de notre ministère apostolique ; ou en cas d’autre empêchement grave et prolongé, de renoncer à notre office sacré et canonique, tant comme évêque de Rome que comme chef de la même Sainte Église catholique, entre les mains du Seigneur cardinal doyen… Lui laissant, avec au moins les cardinaux responsables des dicastères de la Curie romaine et notre cardinal vicaire pour la ville de Rome… la faculté d’accepter et de mettre en œuvre notre démission, que seul le bien supérieur de la Sainte Église nous suggère ». Au pied de la signature manuscrite et de la date, « à Saint-Pierre, le dimanche du Bon Pasteur, le deuxième après Pâques, le 2 mai 1965, deuxième de notre pontificat ».

Il est intéressant de noter que Paul VI ne fait pas seulement référence à une maladie, mais aussi à la possibilité d’un « autre empêchement grave et prolongé ». Un soulignement qui, selon diverses personnalités du cercle le plus proche de Montini, peut être lié à ce que, selon certains témoins autorisés, Pie XII avait établi à l’époque : sa renonciation en cas d’enlèvement par Hitler au plus fort de la Seconde Guerre mondiale. Cela aurait permis aux cardinaux de se réunir, peut-être dans un pays neutre et sûr, pour élire un nouvel évêque de Rome en remplacement de celui qui était devenu prisonnier du dictateur nazi.

Il convient de noter que, tant dans le cas de Paul VI que dans celui de François, il s’agit d’une lettre « préventive », c’est-à-dire liée au fait que le Pontife se trouve empêché de renoncer à sa charge librement et en pleine conscience. Il s’agit donc de lettres qui n’ont rien à voir avec la renonciation de Benoît XVI, qui a eu lieu il y a presque dix ans.

Josué Mfutila

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