Inquiétudes du président de l’UNPC : « Le contenu de la presse (…), provoque la nausée, l’aversion, la répugnance et la réprobation sur le plan qualitatif »

 

« La presse congolaise a gagné en quantité. Mais, son contenu provoque dans la plupart des cas, la nausée, l’aversion, la répugnance et la réprobation sur le plan qualitatif », a déclaré le président de l’Union Nationale de la Presse du Congo, le lundi 3 mai, lors de la manifestation organisée dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la presse.

Gaby Kuba Bekanga, dans son intervention à Béatrice hôtel, a fait un constat qu’il appelle « naufrage de la presse congolaise où chacun évolue sur sa planète » selon l’expression utilisée par Tryphon Kin Key Mulumba.

Devant le ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du gouvernement, le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), les ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques, journalistes, professionnels des médias…, le président de l’UNPC reconnait tout de même que la presse congolaise connait un progrès en terme de quantité. Malgré ces avancées, a-t-il expliqué, « sommes-nous vraiment sortis du bourbier? », s’est-il interrogé avant d’y répondre « chacun a sa réponse. Mais, la mienne est à la fois oui et non ».


Gaby Kuba Bekanga a estimé qu’il y a pluralisme médiatique en Afrique en général et en RDC en particulier.

« Cependant, s’est-il demandé, la presse congolaise est-elle devenue véritablement indépendante ? L’éclosion des médias en ligne en est une illustration. Je ne m’y oppose point », a fait-il savoir.

Cependant, a poursuivi le président de l’UNPC, « une telle situation frise l’anarchie. C’est pourquoi, nous devons absolument entreprendre des réformes. Si elles ont été proposées dans le passé, il faut les adapter et les appliquer correctement ».

Aussi, a-t-il proposé d’évaluer les forces et les faiblesses des institutions existantes au lieu de créer d’autres dont on peut redouter le dysfonctionnement, l’inefficacité, la véracité des revenus de l’Etat et le chevauchement de tâches.

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« Faisons attention à l’inflation institutionnelle! Aux pouvoirs publics d’indiquer la direction avec l’organisation des états généraux de la presse. Certes, le changement institutionnel est difficile à cause des esprits reclus, mais n’ayons pas peur des réformes si nous voulons sortir de l’enfer », a martelé le président de l’UNPC.

À lui de continuer, « si l’information est un bien public, ses différents usages ne sont pas toujours les mêmes. Au-delà des missions traditionnelles des médias (informer, éduquer et divertir), on peut manipuler, orienter, falsifier, dénaturer et désorienter une information avec un objectif précis ».

Il s’est appuyé sur une théorie de Bernard Voyenne qui écrivait : « la presse donne à la vérité comme au mensonge une dimension qu’elle est seule à pouvoir offrir. Qu’elle parle ou qu’elle se taise, son effet sera toujours démultiplié. Elle inscrit dans le social l’écho d’un événement ou lui interdit cette consécration ».

De ce fait, l’UNPC a soutenu qu’ « on ne doit donc pas laisser l’information, un bien public aux éléments incontrôlés, aux charlatans, aux imposteurs, aux arrivistes, aux opportunistes et aux moutons noirs transfigurés ».

« Hier, on considérait ces derniers comme des indigents. Aujourd’hui, certains d’entre eux sont des modèles ayant pignon sur rue. Ces nouveaux types de patrons atypiques contribuent activement au nivellement de la société vers le bas. Ce sont des anticonformistes et des dadaïstes ayant fait effraction et intrusion dans la presse. Ils influencent même des professionnels à les mimer pour l’une ou l’autre raison », craint le président de l’UNPC.

C’est dans cette optique qu’il a évoqué Marguerite Yourcenar qui disait : « Des moyens de communication massifs, au service des intérêts plus ou moins camouflés, déverseront sur le monde avec des visions et des bruits fantômes, un opium du peuple qu’aucune religion n’a été accusée d’en répandre ». Notre profession est bien sûre ouverte à toutes les qualifications. Mais, les règles du jeu existent et il faut les respecter », a affirmé Gaby Kuba s’appuyant sur les propos de Sénèque.

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« Ceux qui ne respectent pas le code d’éthique et de déontologie du journaliste, doivent subir une sorte d’épuration professionnelle », a-t-il proposé. En revanche, l’UNPC n’encourage en aucun cas la répression ou une loi liberticide contre la presse.

« Il ne s’agit pas d’une auto flagellation. Mais, face aux dérives, je réclame urbi et orbi l’ordre, la discipline et l’excellence dans l’exercice du journalisme par l’application stricte des textes réglementaires », a affirmé le président de l’UNPC.

À cette même occasion, l’UNPC, cadre fédérateur de tous les journalistes et de toutes les associations des médias, salue à sa juste valeur l’engagement du Président de la République, Félix Tshisekedi d’ « inscrire le développement de la presse parmi ses priorités. Son discours d’investiture du 24 janvier 2019 est clair. La concrétisation de la promesse du Chef de l’Etat débouchera sur le couple : Etat de droit = Quatrième pouvoir ».

Le monde entier célèbre le 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse sous le thème : « L’information comme bien public ». Cette journée coïncide avec le 30è anniversaire de la «Déclaration de Windhoek» pour le développement d’une presse africaine indépendante et pluraliste. La déclaration fut rédigée par une soixantaine de journalistes africains à l’issue d’un séminaire organisé en mai 1991 par l’UNESCO en collaboration les organisations professionnelles des médias. Ce texte décrit la situation des journalistes et définit les conditions pour une presse libre et indépendante.

Rachidi Mabandu

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