Le comité de gestion du stade des Martyrs paie les frais des émeutes enregistrées le jeudi dernier sur l’esplanade du temple sportif kinois. Son seul péché est d’avoir autorisé la tenue de la prière marquant la fin du ramadan pour les musulmans. Une décision du ministre Chembo Nkonde Serge qui laisse entrevoir une certaine incohérence de la part des dirigeants congolais dans la gestion de la Res publica.
Comment peut-on suspendre le comité de gestion du stade des Martyrs jusqu’à nouvel ordre alors que la manifestation à la base de la mort d’un policier brûlé vif et plusieurs blessés et dégâts matériels importants a été autorisée en bonne et due forme par le gouverneur de la ville ? La question continue de tarauder les esprits d’autant plus que le ministre des Sports est censé être fixé sur cette activité prévue sur un site sportif.
La prière des musulmans a été non seulement autorisée par Gentiny Ngobila, mais a été suivie de près par les autorités tant civiles que militaires. Un jour avant, le gouverneur de la ville de Kinshasa avait même tenu une réunion qui a connu la présence de deux parties en conflit de la communauté musulmane à Kinshasa. Ces échanges, tendant à permettre la bonne tenue de la prière de la fin de ramadan, a également connu la présence du commissaire divisionnaire adjoint, Sylvano Kasongo de la Police nationale congolaise (PNC/Kinshasa).
Ce qui laisse à penser que l’État congolais avait pris en mains la grande rencontre des musulmans au stade des Martyrs. Du moins en ce qui concerne la sécurité des acteurs eu égard à la tension manifeste entre les deux camps antagonistes. Le pauvre gestionnaire du stade des Martyrs prouvait-il refuser l’accès sur le site alors que la manifestation est autorisée par la haute hiérarchie ? La réponse est simple : non. Et de toutes les façons, même si le stade des Martyrs était indisponible pour accueillir la célébration de Aïd El Fitr, les musulmans allaient trouver un autre cadre pour ce faire. Et rien ne démontre que la fin de ramadan à Kinshasa allait se passait sans incident sur un autre site que les stade des Martyrs.
En suspendant le comité de gestion du stade des Martys, le ministre des Sports lance un signal fort au gouverneur de Kinshasa : « C’est moi le patron et pas une autre personne ». Et pourtant, dans ce genre de situation, le ministre et le premier citoyen de la ville de Kinshasa devraient, au préalable, se concerter afin de voir s’il s’avérait indispensable de sanctionner le comité de gestion du stade des Martyrs.
Rachidi Mabandu