Lualaba : « Ce qu’il faut retenir de la gestion et de la mission de l’IGF (Tribune d’Aimé Ntambue)

 

Le Lualaba, cette partie du pays réputée pour ses multiples richesses naturelles est restée pendant plusieurs décennies comptabilisée parmi les entités les moins connues en matière de développement en République Démocratique du Congo.

Privé des infrastructures de base, enclavé et habité par une population extrêmement pauvre dans sa grande majorité, le Lualaba a eu une lueur d’espoir à partir du démembrement du grand Katanga et de l’avènement de Richard MUYEJ à sa tête.

Les défis furent énormes pour une nouvelle équipe dirigeante qui arrivait dans une province où tout était prioritaire.


Il fallait donc pour cette équipe une profonde réflexion sur le modus operandi devant conduire à la conception et à l’exécution d’un programme ambitieux, au recrutement d’un personnel qualifié, au mode de gestion approprié afin de faire face aux multiples défis susmentionnés.

Ce travail fut fait malgré les multiples contraintes et les résultats ne se sont pas fait attendre pour placer le Lualaba parmi les provinces modèles sur le plan de développement. Le Lualaba connu jadis pour ses mines est aujourd’hui compté parmi les meilleures provinces du pays qui suscitent beaucoup d’intérêts et d’admirations. Les investisseurs et les touristes se bousculent pour y placer leurs valises et admirer les infrastructures de base construites en un temps record.

Cependant, il sied de noter que ces prouesses ont été réalisées dans un contexte très difficile. Pour une nouvelle province, le premier défi était d’abord humain. Si Richard MUYEJ avait déjà une expérience avérée dans la gestion de la chose publique, ceci n’était pas le cas pour plusieurs membres de son administration. D’où, à notre avis, il fallait une bonne politique nationale d’accompagnement des provinces démembrées basée avant tout sur la formation des équipes. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’au courant de l’année 2020, sur initiative du Gouverneur Richard MUYEJ, une équipe de l’IGF fut invitée au Lualaba pour évaluer la gestion financière et au besoin, lancer une formation en faveur des membres de l’exécutif provincial dans ce domaine . Pour éclairer nos lecteurs, ces multiples défis étaient presque les mêmes pour toutes les provinces issues du démembrement, mais en termes de réalisations, le Lualaba a su surmonter avec succès certains d’entre eux. C’est d’ailleurs pour cette raison que tous les projecteurs sont braqués sur cette province.

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LE CONTRÔLE DE l’IGF, PARLONS-EN

Victime de plusieurs accusations de son adjointe, Madame Fifi Masuka, Richard MUYEJ se verra convoqué à Kinshasa par sa hiérarchie. Sa santé va se détériorer avant même d’être reçu par cette hiérarchie et il sera évacué d’urgence en Afrique du Sud pour les soins. Certaines langues parleront même de son empoisonnement (par qui et pourquoi? Cette question est toujours pendante).

Sur base de ces accusations, sans entendre l’accusé et en son absence , une mission d’audit sera dépêchée au Lualaba par l’IGF et le travail se déroulera pendant plusieurs semaines sous l’œil vigilant de l’accusatrice. Cette démarche sera décriée par les lualabais qui y dénichaient une forme d’injustice à l’égard de leur Gouverneur.

De retour au pays après avoir échappé à la mort, affaibli, Richard MUYEJ se présentera malgré tout à l’IGF pour présenter ses moyens de défense sur base d’une feuille d’observations élaborée à son absence. Puis, s’en suivra une longue période de léthargie jusqu’à ce que, dans une émission tournée avec trois journalistes connus, l’Inspecteur général aborde la question relative à la gestion calamiteuse de toutes les provinces tout en indiquant particulièrement qu’on aurait détourné 200.000.000$ au Lualaba sans en ressortir les identités des auteurs et l’échéance exacte pendant laquelle cet argent a été détourné. Une petite partie de cette émission sera d’office exploitée et diffusée dans les réseaux sociaux par le camp de l’accusatrice comme si cela était déjà bien programmé en avance et comme s’il s’agissait d’un rapport final. Pourquoi une telle récupération politique prématurée ? À nos lecteurs de répondre.

Si ce chiffre saute aux yeux des congolais, il leur revient au moins d’en savoir quelques observations ci-après:

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– L’orde de mission de l’IGF Numéro 110/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2020 indique la période de contrôle, ça va de l’installation du Gouvernement provincial actuel à décembre 2020;

– La redevance minière en RDC a augmenté avec la révision du code minier promulgué le 9 mars 2018. Ainsi, avant cette révision, la Province du Lualaba générait mensuellement environ 5.000.000$. C’est juste après que les recettes mensuelles sont arrivées à 10.000.000$;

– C’est avec cette somme que certains travaux étaient effectués ainsi que la paie des agents et prestataires, sans oublier les frais de fonctionnement;

– L’évolution des recettes mensuelles de la province comptabilisées sur la période auditée donne un montant inférieur au montant cité par l’IGF;

– Même si ces montants mensuels n’étaient pas affectés aux travaux, salaires et fonctionnement, il est difficile d’atteindre un niveau de détournement de 200.000.000$, car largement supérieur aux recettes réalisées. Alors qu’en réalité, les agents n’accusent aucun mois de retard, les grands travaux ont été effectués, les frais de fonctionnement et de prestataires ont été payés.

De tout ce qui précède, sans mettre en cause la mission de l’IGF, nous pensons qu’il existe plusieurs irrégularités tant sur le plan de la forme que du fond. Aussi, on sent une récupération politique de la situation par certains détracteurs de Richard MUYEJ, ceux là qui recherchent à tout prix son départ pour protéger leurs postes et leurs intérêts au moment où le Chef de l’Etat a besoin des congolais qui œuvrent pour l’intérêt général. Surtout quand on sait que le montant révélé par l’IGF dans cette émission a été déjà relevé par les chantres du camp de l’accusatrice juste après la mission de l’IGF pendant que Richard MUYEJ était aux soins en dehors du pays, il y’a de quoi s’interroger sur l’objectivité d’une telle démarche et la crédibilité d’un tel rapport. Entre temps, le Lualaba ne fait que sombrer sur tous les plans. Il revient donc au garant du bon fonctionnement des institutions d’agir le plus tôt possible.

Aimé NTAMBUE, analyste politique

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