La chanson populaire “Nini to sali te” du groupe de Musique Populaire de la Révolution (MPR) peut être consommée aisément par le public, après la levée, sur instruction de la Ministre d’État en charge de la Justice le mercredi 10 novembre 2021, de la mesure portant interdiction de présentation ou de diffusion de ce morceau de musique par la Commission Nationale de Censure des Chansons et des Spectacles (CNCCS).
Le péché de ce groupe de musique était, selon le directeur de cette commission, de n’avoir pas soumis, à la lumière des dispositions du décret numéro 003 portant création d’une Commission Nationale de Censure des Chansons et des Spectacles (CNCCS), leur chanson avant diffusion. Une décision qui a mis en ébullition toutes les couches sociales du pays qui n’arrivaient pas à digérer cette “décision injuste et sans fondement”, compte tenu du fait que des congolais se sont retrouvés dans cette musique.
Seulement, cette affaire vient remettre en cause le caractère objectif qu’est censé revêtir la CNCCS en République Démocratique du Congo (RDC). Plusieurs contenus de musique ou spectacle consommés par la population congolaise, laissent croire qu’ils n’ont subi aucune filtration par la commission de censure avant d’être mise sur la place publique.
C’est le cas notamment de plusieurs clips vidéos diffusées par plusieurs chaînes de télévision où l’on met en exergue les danses obscènes qui se rapportent directement au sexe, exécutées par des femmes à peine habillées, soit presque nues. À côtés de cela, c’est le contenu même des chants de plusieurs artistes musiciens en RDC. À la télévision, à la radio, dans des bars, boîtes de nuit, concert, discothèques, même dans des fêtes de mariage ou d’anniversaire, triste est de constater que le message transmis par différentes chansons déprave largement les mœurs de la société congolaise. Ces chants sont malheureusement chantés et dansés même par les plus petits, souvent devant ou ensemble avec leurs parents.
Malheureusement, la Commission de censure n’a pas des yeux pour constater tout cela, elle a trouvé plutôt une occasion pour sauter sur un chant qui retrace les vraies réalités que traversent le pays, chant qui pourrait booster le développement en RDC à cause de son caractère très interpellateur à l’endroit des décideurs.
Ce tableau sombre que présente la Commission Nationale de Censure des Chansons et des Spectacles (CNCCS) donne lieu à se poser de vraies questions sur sa contribution pour préserver les bonnes mœurs et le développement du Congo-Kinshasa !
À l’évidence, “il est à constater que cette structure a lamentable échoué à sa mission. Pour la sauver du noyade, il faudra peut-être actualiser le décret la créant et lui donner des outils nécessaires pour son action, compagnés d’un renforcement des capacités intenses”, pense un artiste musicien qui a réquis l’anonymat, soutenant en même temps que “la meilleure option serait d’ailleurs de dissoudre cette commission, faute de résultats, et remettre ses attributions au ministère de la Justice et/ou de la Culture et des Arts”.
Patrick Nguwo