Les Députés Nationaux exhortés à destituer le président Tshisekedi pour sauver la Nation avec un nouveau système politique (Tribune de Yango Bokony)

 

L’espoir suscité par la toute première alternance politique intervenue le 24 Janvier 2019, laisse place, aujourd’hui, au doute voire à la colère du peuple congolais dont les attentes demeurent pourtant importantes. Le pays semble avoir emprunté le chemin retour vers le statut d’Etat failli et les observateurs tant nationaux qu’internationaux nourrissent de réelles préoccupations quant à l’avenir de la RDC.

Face à la dégradation de la situation politique, socio-économique et sécuritaire du pays, les décideurs politiques doivent se hisser à la hauteur des exigences de l’histoire. Le Parlement, temple de la démocratie et réceptacle de la légitimité populaire a, au cours de ces derniers mois, été le théâtre d’une compromission honteuse tissée de corruption et de menaces. La démocratie congolaise enregistre un triste coup d’arrêt.
Et pourtant les députés sont dépositaires d’une noble mission qui consiste à conserver intacte la flamme de la démocratie congolaise, née dans le sacrifice et la douleur. Bien plus qu’un devoir d’honneur, c’est une exigence de justice que de refuser l’inclinaison antidémocratique qu’emprunte le Congo.
A l’immobilisme stérile, je propose l’audace qui fait progresser l’histoire.
Il me paraît ainsi indiqué de prendre en considération la possibilité, dès la prochaine rentrée parlementaire du 15 mars 2022, d’une procédure de destitution du Président de la République en raison de son incapacité à diriger le pays, et cela au profit d’un gouvernement de transition devant être dirigé par un Présidium de quatre membres. La mission du gouvernement de transition sera de réformer les institutions de la RDC dans l’esprit de cette lettre et de poser des nouvelles bases du redressement socio-économique et sécuritaire du pays. Les deux chambres du Parlement resteront en place dans le but d’assurer une transition en douceur. La période de transition ne dépassera pas trois ans. Le Président de la République pourra dès lors opter pour une sortie honorable en démissionnant de ses fonctions et en prenant la décision de transférer incessamment le pouvoir exécutif au Présidium. Ce faisant, il évitera des poursuites judiciaires ainsi qu’une procédure embarrassante de destitution. Au demeurant, cet acte lui permettra d’aller jusqu’à la fin de son mandat comme Président sortant de la RDC avec, cependant, un cabinet réduit. Il va de soi que cet acte d’abnégation lui vaudra une entrée fracassante dans l’histoire de notre pays comme l’un des pères fondateurs de la quatrième république portée par l’audace des députés et des réformes institutionnelles.
Après les 61 ans d’indépendance du pays marqués par une succession de régimes répressifs, de tueries, de pillage systématique des ressources économiques du pays, de querelles politiques, de mauvaise gouvernance, de corruption et de graves violations des droits humains, nous sommes convaincus que la solution à cette crise réside dans l’articulation de profondes réformes institutionnelles qui permettraient la création d’un nouveau système politique à caractère évolutif, participatif et unificateur, mieux adapté à notre culture et aux réalités spécifiques à notre pays.
Ce système politique donnera naissance à une nouvelle république au sein de laquelle nos dirigeants seront contraints d’exercer la bonne gouvernance, de promouvoir l’effectivité de l’Etat de droit sachant, par ailleurs, que l’autorité de l’Etat y sera rétablie et que le climat des affaires sera forcément amélioré. La nouvelle république aura à sa tête un président « plus protocolaire » dans le sens où il présidera sans gouverner mais qui incarnera l’unité nationale, tandis que le pouvoir exécutif sera conféré à un Présidium constitué de quatre membres issus du Haut Conseil de la République.
Pourquoi un Président sans le pouvoir exécutif ?
La tentation de se comporter en monarque absolu est si pressante qu’un Président qui jouit d’une majorité parlementaire obtenue soit par fraude électorale, soit par coalition ou débauchage des députés, pourrait prendre le contrôle de toutes les institutions du pays. Dans un contexte d’illégitimité, les tares qui minent notre société à savoir, les malversations financières, la corruption et l’impunité pourraient rapidement s’ériger en mode de gestion au détriment du peuple Congolais, victime des errements de ses leaders politiques. Fort d’un pouvoir quasi autocratique, le président de la République se trouverait dans une position d’intouchable, libre d’engager le pays dans n’importe quelle direction, en fonction de ses intérêts personnels et, pourquoi pas, de ceux de ses parrains.

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Privé du pouvoir exécutif, tout candidat au poste de président de la République dont l’enrichissement personnel et la réalisation des agendas cachés constitueraient les raisons sous-jacentes de son ambition, pourrait être découragé et conduit à renoncer à ses visées de conquête du pouvoir.


Sans le pouvoir exécutif, toute dérive dictatoriale d’un Chef d’Etat devient improbable sachant, par exemple que la justice cessera d’être instrumentalisée, laissant entrevoir les perspectives d’un véritable Etat de droit.
Pourquoi un Présidium détenant le pouvoir exécutif ?
1. Notre grand et riche pays ne sera plus géré comme avant par un seul homme qui monopolise tous les pouvoirs.
2. Etant donné que les membres du Présidium seront issus des quatre composantes du Haut Conseil de la République (parti politique avec le plus grand nombre de députés provinciaux, CENCO & ECC, société civile et chefs coutumiers autochtones), ceci impliquera une transparence dans la gestion du pays et toutes les décisions seront prises dans l’intérêt suprême de la nation.
3. Etant donné que les membres du Présidium seront aussi issus des différents groupes ethniques ou différentes régions géographiques du pays, les tensions tribales seront automatiquement éliminées et la cohésion nationale renforcée.
4. Le Présidium, par sa nature, éliminera les conflits politiques créés en raison de la conquête du pouvoir. Cette conquête serait à l’origine de l’absence de démocratie, de la paralysie de l’appareil de l’Etat, de la mauvaise gouvernance et des pertes des vies humaines.
5. Le Présidium veillera à ce que ce soient les institutions du pays qui sont fortes et qu’aucun individu, parti politique ou groupement politique ne puisse, en aucun moment, prendre le peuple en otage. Cela garantira le principe démocratique de la séparation des pouvoirs.
6. Il sera très difficile de manipuler à la fois tous les membres du Présidium, choisis pour leur compétence, leur intégrité et possédant des visions socio-politiques différentes, que de manipuler un seul individu dont la filiation ou la popularité sont les seuls atouts.
7. Le Présidium sera assisté pour sa prise des décisions par des experts du Bureau Permanent d’Etudes Stratégiques. Ces experts de carrière seront plus efficaces que la myriade des conseillers qui abondent les cabinets de la présidence de la République et disparaissent à la fin de chaque mandat. La plupart de ces conseillers n’étant que des opportunistes choisis parmi les membres des partis politiques, la famille présidentielle et les amis intimes du président.
8. Il est temps de rompre avec la tradition des « pompiers » qui consiste à solliciter l’intervention de la CENCO et l’ECC seulement pour résoudre des situations déjà gâtées. Leur participation permanente dans la gestion du pays nous épargnera de nombreux problèmes. Il en est de même pour la société civile et les chefs coutumiers autochtones. « Gouverner, c’est prévoir ! ».
9. La réduction du nombre de postes politiques se fera au profit de quelques millions d’emplois qui seront créés dans le secteur privé et de plusieurs milliers de postes pour les cadres supérieurs.
10. Le transfert du pouvoir exécutif au Présidium aidera le pays à reconquérir sa souveraineté nationale et à accélérer ainsi son développement socio-économique. Puisque le pays est « mort », toutes les forces vives de la nation doivent lui venir en aide pour le ressusciter !
Le rôle de l’armée
Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, (« la grande muette »), doivent inscrire leur opérationnalité dans une dynamique résolument républicaine en émergeant comme le rempart de la stabilité sécuritaire et comme une force de dissuasion contre toute dérive autocratique. Des réformes idoines doivent par conséquent être engagées pour consolider leur dimension patriotique et leur engagement démocratique.

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Les honorables députés observeront que toutes les vieilles démocraties occidentales, plus stables politiquement et économiquement, ont chacune un système politique unique. L’Angleterre et la Belgique étant deux royaumes, possèdent, cependant, des particularités très différentes dans leurs systèmes politiques. Il en est de même pour la France, l’Allemagne, l’Italie et les Etats-Unis d’Amérique. Ces quatre républiques ont des systèmes politiques différents les uns des autres. En effet, un système politique est l’identité d’un pays et celui-ci ne peut en aucun cas être une copie certifiée conforme de celle d’un autre pays. Par conséquent, le système politique actuel n’étant pas adapté à la RDC, il faudra le réformer.

Voici ci-dessous les grands principes des réformes institutionnelles pouvant caractériser la nouvelle république :

1. Le destin du peuple Congolais ne dépendra plus de la volonté d’un seul individu qui joue le rôle du Président de la République. Le pouvoir exécutif lui sera révoqué. Il sera le symbole de l’unité de la nation et son rôle se limitera à représenter le peuple lors des cérémonies protocolaires. Cette disposition consiste à abolir la monarchie « présidentielle » absolue installée dans le pays.

2. Le Haut Conseil de la République (HCR) remplacera les deux chambres du Parlement. Le pouvoir exécutif sera conféré à un Présidium constitué de quatre membres issus du HCR. Le Présidium dirigera le pays, veillera au bon fonctionnement de toutes les institutions et décidera de l’orientation politique du pays dans les domaines de la défense nationale, politique étrangère, politique économique, politique financière, politique intérieure et politique sociale. Le Présidium sera doté d’un petit cabinet ayant comme extension le Bureau Permanent d’Etudes Stratégiques.
3. Avant leur entrée en fonction, les membres du HCR devront satisfaire à un examen minutieux par les Services des Renseignements et les Cours et Tribunaux du pays. Ces dignitaires ne seront pas au-dessus de la loi et seront soumis à un code d’éthique très rigoureux. Cette institution comptera au maximum deux cent cinquante membres.

La composition du Haut Conseil de la République sera comme suit :

a. 52 députés provinciaux (deux sièges par province)
b. 52 membres de la société civile (deux sièges par province)
c. 52 chefs coutumiers autochtones (deux sièges par province)
d. 52 membres désignés par la CENCO et l’ECC
e. Les Pères Fondateurs de la nouvelle république
4. Le Présidium aura les prérogatives de nommer le Premier Ministre, les mandataires des entreprises publiques et les membres de la CENI. Ceux-ci seront choisis en fonction des critères de patriotisme, de compétence et d’intégrité.
5. Le Premier Ministre sera choisi parmi les anciens ministres, anciens gouverneurs, anciens généraux de l’armée et chefs d’entreprises les plus intègres et meilleurs gestionnaires. Ce dernier formera un gouvernement composé au maximum de vingt-cinq ministres, ceux-ci choisis parmi les politiciens, technocrates et anciens officiers supérieurs de l’armée.
Le gouvernement aura pour mission l’exécution d’un programme quinquennal préalablement élaboré par le HCR.
6. Le HCR disposera d’un Bureau Permanent d’Etudes Stratégiques composé de cent experts dans des domaines clés pour l’aider dans la prise des décisions.
7. Les réformes institutionnelles affecteront aussi la CENI et les gouvernements provinciaux.
8. Toutes les matières premières (minières, forestières et agricoles) devront subir une série de transformations dans le pays avant leur exportation à l’étranger.
L’Etat Congolais prendra l’initiative de créer des grandes entreprises afin d’éviter que les ressources économiques du pays soient détenues et contrôlées par des investisseurs étrangers.
9. Adoption de la loi sur l’irrévocabilité de la nationalité congolaise pour les Congolais d’origine.
J’espère que les députés agiront conformément au pouvoir qui leur est conféré par la Constitution afin que désormais notre peuple puisse vivre dans la dignité, la paix et la prospérité sur son sol.
Je vous remercie.

Yango Bokony
Courriel : abokony@gmail.com

 

 

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