La veille de la fête de Noël, les habitants de la partie nord de la ville de Butembo (Nord-Kivu) ne semblent pas préoccupés par les préparatifs de cette fête chrétienne. Théâtre des attaques reccurentes des positions des militaires des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) par des présumés miliciens Maï-Maï, cette partie de Butembo recouvre un calme apparent depuis près d’une semaine. Mais malgré ce silence des armes, les habitants demeurent dans la crainte des éventualités sécuritaires suite à la présence permanente des militaires dans la zone.
Certains des habitants de Furu, Mihake et environs des cellules des quartiers Congo Ya Sika et Kamisi-Mbonzo, situés à la sortie Nord de Butembo dans les communes Vulamba et Bulengera, ont regagné leurs habitations qu’ils avaient abonnées il y a peu suite aux affrontements entre présumés Maï-Maï et FARDC.
Kavira Luhwere, habitante de Furu et couturière de profession le long de l’artère principale, non loin de la Station-service Molo, dit ne pas être concernée par les festivités de fin d’année. Au-delà du climat sécuritaire qu’elle qualifie encore de « volatile » dans cette entité, celle-ci fait observer que le climat qui a perduré dans cette partie de la ville n’a pas permis à la population de se préparer aux festivités de fin d’année comme pour les années précédentes.
« Nombreux ont déjà développé l’hypertension suite aux crépitements des armes de chaque jour. Nous n’avons pas des clients, nous travaillons pour avoir à manger, mais la vie est difficile. Les militaires sont toujours sur tous les chemins la journée et la nuit, certains [habitants] viennent la journée et rentrent le soir vers des endroits calmes, nombreux sont déjà ici. La fête, c’est Dieu qui sait ce que nous allons donner aux enfants, les autorités doivent nous aider », a-t-elle expliqué.
La même incertitude est perceptible dans le chef des responsables de l’hôtel Semuliki, situé dans la même entité. Selon Katembo Ndalutwa Roger, représentant du responsable de cet établissement des services d’accueil, faute de climat sécuritaire rassurant, la clientèle a sensiblement baissé. Il est sans espoir de vivre une ambiance de fête au sein de cet hôtel, malgré la petite accalmie qui sévit dans la région.
« Depuis que la situation a commencé, en tout cas dans notre hôtel, nous vivons une période de crise, vu que quand il y a crépitement des balles, nous ne recevons plus des clients qui viennent de l’autre côté-là, alors il y a aussi baisse de fréquentations. En tout cas, nous sommes en train de vivre un espoir comme nous venons de faire presqu’une semaine dans le calme », a-t-il dit.
Néanmoins, en dépit de la cessation des attaques armées dans cette partie Nord de Butembo, d’autres habitants demeurent dans la frustration suite aux actes de pillage et d’extorsion des biens reprochés aux militaires des FARDC commis dans la zone. La nuit de jeudi au vendredi 23 décembre, plusieurs biens de valeurs ont été emportés, selon la société civile de la commune de Vulamba, par des soldats des FARDC dans des boutiques des civils dans la cellule Vunyenze, au quartier Mukalangirwa. Ces incidents sécuritaires plongent la population dans un écartement total, peinant ainsi d’envisager une quelconque ambiance de fête.
Pendant ce temps, des préparatifs des festivités de fin d’année connaissent un engouement en tout cas particulier au centre-ville de Butembo. Nombreux habitants ont envahi ce samedi, les magasins et autres boutiques de vente des vêtements pour enfants. La même ambiance sévissait au niveau des galeries de vente des souliers, à l’instar de Kyanamire.
Toutefois, au marché central, les vendeurs des denrées alimentaires n’ont pas noté d’engouement particulier dans leur secteur, cette veille de la fête de Noël. Les vendeuses du riz, aliment de fête pour plusieurs familles de Butembo font croire que la hausse du prix de cette denrée serait à la base de sa faible consommation pour cette fête de fin d’année. Une mesurette du riz qui se vendait jadis entre 700 et 800 Francs congolais se vend actuellement entre 950 et 1000 Francs congolais.
Didy Vitava, à Butembo