Maurice Muyananu, ancien chargé des missions du sphinx de Limete dans l’ex province du Bandundu, a, à l’occasion de la commémoration du 4e anniversaire de la mort d’Étienne Tshisekedi le 1er février, appelé à l’élévation de ce dernier au rang de Martyr de la démocratie.
« Cet hommage grandiose rime avec le combat qu’il a consacré pour l’avènement d’un État de droit en RDC, note Muyananu. Dans son témoignage, « le roi des bayaka » revient sur les évènements bouleversants du meeting qui a conduit aux martyrs de la Pentecôte.
La saga de pont Cabu
Alors secrétaire national en charge de l’organisation politique et administrative de l’UDPS, Étienne Tshisekedi est rentré au pays après avoir noué des confidences avec les européens et américains. Ce dernier veut exercer son « droit de tendance », comme prévu dans les accords de Gbadolite, relate Maurice Muyananu.
Dans cette même optique, il organise un meeting le 17 janvier 1998, à Kinshasa plus précisément au pont Cabu, à l’occasion de la mort du tout premier premier ministre et héros national, Patrice Emery Lumumba. Le meeting n’a pas obtenu le feu vert des autorités compétentes, mais cependant elles minimisent la bravoure et la détermination sans faille du sphinx de Limete. Assigné à résidence surveillée, Étienne Tshisekedi déjoue la tactique mise en place par les secrets services en mettant ses subordonnés dans son véhicule pour sortir bien après un tacot insoupçonné ».
Il finit par rejoindre une foule noir de monde qui l’attendait au Pont Cabu, sa présence a fait braver la peur des combattants qui étaient sceptiques et décident d’en finir avec le régime despotique », raconte l’ancien compagnon d’Étienne Tshisekedi qui s’est confié à Actu7.
À peine monté sur la chaise du policier, Étienne Tshisekedi entend comment les armes résonnent de partout causant la mort de plusieurs personnes et blessant quelques-unes dont le lider maximo. Il a connu une blessure à la tête et le sang a coulé à flot, il s’est miraculeusement sauvé la vie grâce à un coup de destin » Omer Kamba a reçu l’arme blanche en pleine proitrine parcequ’il s’est interposé entre le sphinx de Limete et une force de l’ordre ».
» Il finira par quitter la tribune sous le retentissement des matraques de la police zaïroise, avec un visage qui ne trahit pas sa ferveur, une chemise coagulée de sang, un corps montrant le signe de fatigue et les pieds titubaient sous l’emprise de deux mains de fer prenant par ceinture ». Cette illustration du sphinx de Limete a été vue dans le monde entier et reste jusqu’à maintenant la seule image pour signifier l’oppression qu’incarnait le pouvoir dictatorial de Mobutu. Il faut ajouter aussi la détermination, l’abnégation mais également les sacrifices consentis par Tshisekedi pour faire chuter Mobutu.
Au mois de mai 1998, la chevronnée journaliste belge dans les colonnes du journal Monde diplôme, fait une analyse sur les évènements qui passent au Zaïre, » cette manifestation du 17 janvier 1988 et les remous que la détention de M. Tshisekedi a suscité sur le plan international (48 parlementaires américains ont écrit à Mobutu) ont brisé la peur et exacerbé la contestation publique. Une première jamais observée en vingt-cinq ans du régime Mobulu. Cette volonté de faire chuter le despotisme moboutien par Etienne Tshisekedi, a poussé aussi certaines grandes figures à emboîter les pas du lider maximo. Il y a notamment Thérèse Pakasa, membre influente du parti lumbiste unifié, qui va organiser une marche contre le pouvoir en brandissant une banderole interdite et l’ancien drapeau du Congo indépendant sur le large du boulevard du 30 juin.
Début 1990, Mobutu connaît une descente aux enfers. Cette lutte noble menée par Etienne Tshisekedi, obtient gain de cause le 24 avril 1990 à la toute première victoire de l’UDPS sur le régime despotique de Mobutu, et plus loin lors de la conférence nationale souveraine où il s’est matérialisé le dialogue prôné dans une « lettre » du mois de novembre 1979. Et Mobutu va faire couler les larmes devant les caméras des plusieurs chaînes internationales dont CNN. » Comprenez mon émotion ». Le léopard creva dans l’étable comme le dit un proverbe Yaka.
Osée Mfumfu