Dossier 500 jeeps : Pour Christopher Ngoyi, « ce sont des véhicules de fonction »

L’affaire 500 jeeps soit offertes ou prises à crédit par les députés nationaux retentit encore sur la scène politique congolaise. Jusqu’à présent, l’incertitude plane sur la nature de ce dossier où personne n’arrive à affirmer clairement s’il s’agit d’un don du Chef de l’État ou d’un crédit contracté par la chambre basse du parlement au nom de tous les élus nationaux.

Interrogés par une poignée de journalistes le samedi 26 juin 2021 sur ce dossier, le président de la société civile de la République Démocratique du Congo (RDC) Christopher Ngoyi pense pour sa part, qu’il s’agit d’un crédit contracté par l’Assemblée nationale pour que chaque élu puisse bénéficier d’un « véhicule de fonction ».

Selon lui, ce n’est pas du neuf qu’une institution du pays négocie avec un fournisseur pour l’achat des véhicules. Il cite le cas de l’Exécutif central qui paye les véhicules auprès de l’ATC.


 » Que les députés puissent avoir des véhicules pour cette mandature, qu’il ait eu des dispositions prises auprès du Président de la République ou de l’Assemblée nationale pour leur doter de ces véhicules-là qui vont les aider dans l’exercice de leur mission, moi je crois que ça ne devrait pas vraiment nous attarder, bien que d’aucuns parlent d’une procédure entachée d’irrégularités. La loi dispose que, lorsqu’on a affaire à un même fournisseur qui a eu à fournir déjà dans le passé et qu’il s’est établi une relation de confiance, on peut escamoter certaines étapes », a dit le président de la société civile de la RDC.

Et de poursuivre :  » Je connais par exemple l’ATC qui vend des véhicules au Gouvernement. Presque là plus part de véhicules TOYOTA et d’autres marques qui sont utilisés par le Gouvernement, c’est passé par lui, il a toujours offert des conditions préférentielles. Si on s’est adressé à lui pour lui dire de fournir des véhicules, et qu’il fallait donner une garantie, et qui pouvait donner la meilleure garantie ? C’est le Président de la République. Tout le reste devait suivre après, c’est-à-dire est-ce que c’était à récupérer petit à petit ? L’essentiel ou la finalité est que les députés de cette mandature puissent avoir les véhicules de fonction comme tous les autres ».

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Christopher Ngoyi qui digère mal la politisation de ce dossier, précise que la société civile ne veut pas « s’inscrire dans des fluctuations d’ordre politique. Nous pensons que l’essentiel est que ces députés doivent faire le travail correctement. S’ils ont des avantages liés à leurs fonctions, qu’ils puissent y accéder, ça ne nous dit rien ».

Jusqu’à présent, personne ne dit mieux sur ce dossier sur lequel la Présidence de la République ne s’est pas officiellement prononcée alors que citée par-ci par-là.

D’autres sujets d’actualité aussi évoqués

Au cours de cet entretien avec la presse, le Président de la société civile de la RDC s’est étendu aussi à d’autres questions qui marque l’actualité au pays. Répondant à la question sur la patrouille financière que mène l’Inspection Générale des Finances (IGF), Christopher Ngoyi qui pense que le travail est « bon » dans son ensemble, précise cependant que cette mission d’inspection doit être « recentrée », car, à l’en croire, certains inspecteurs déployés sur terrain se transforme plutôt en conseillers fiscaux des établissements au sein desquels ils sont censés inspecter.

Ce qu’il a le plus fustigé, c’est le fait que l’IGF travaille de commun accord avec la société D.A. Consulting office (D.A.CO SARL) qui apporte son expertise dans différentes sociétés dans le domaine de comptabilité. A l’en croire, le comble est que cette fiduciaire effectue le contrôle et l’inspection aux côtés de l’IGF auprès des mêmes établissements où elle apporte conseil et accompagne. « Là, on est juge et partie, ce qui n’est pas normal », a-t-il lâché.

Abordant la problématique de la corruption au sein de l’armée congolaise comme l’avait décrié le Président de la République, cet acteur de la société civile n’est pas passé par quatre chemins pour qualifier de « maffia » ce qui se passe au sein des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).

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« Il a été établi qu’au sein de l’armée, voire dans d’autres structures de l’État, il y a cette propension à instaurer le statu quo, parce qu’on vient d’un système chaotique, et le socle, le fond ou le soubassement de ce système-là, c’était la maffia tout simplement. Donc on procède à l’expropriation de l’État au détournement sur fond de corruption, et on se complaît presque tous à entretenir cet état de chose, c’est ce qui nous a amenés là où nous sommes ».

Relevant le fait que le Chef de l’État a constaté le problème d’effectifs de l’armée « trafiqués », Christopher Ngoyi confirme qu’ « il y avait des complicités aussi bien au sein de l’armée que dans l’appareil de gestion, c’est-à-dire la administrative. C’est-à-dire les gouverneurs de provinces affairistes, en complicité avec des rebelles ».

Au moment de placer un mot sur la rencontre récente entre le Président Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, le numéro un de la société civile de la RDC, se basant sur la sincérité ou non de l’attitude du Rwanda envers la RDC, pense que le développement ou le rétablissement du Congo-Kinshasa ne dépend que de la République Démocratique du Congo, et non de la « franchise ou pas du Rwanda ».

 » (…) Le Président, en abordant la question économique avec eux, voudrait faire avec eux ce que la société civile avait pensé, que ce pays-là devrait prendre in fine la résolution d’adapter leur système économique à la nouvelle donne, au lieu de mener une économie de prédation. C’est-à-dire prendre les richesses du Congo au vu et au su de tout le monde, ce qui est déjà gênant pour la communauté internationale (…) Mais de transformer leur économie en économie de service », a-t-il conclu.

Patrick Nguwo

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