Crise pré-électorale en vue en RDC : Félix Tshisekedi garde encore la main sur les évènements [Analyse]

 

Il serait très hâtif de prédire une crise électorale au lendemain de la désignation « aux forceps » de Denis Kadima à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). A 26 mois de la tenue des prochaines élections, la RDC pourrait ou ne pas plonger dans une crise comme le redoutent certains observateurs de la scène politique congolaise. Tout dépend désormais de Félix Tshisekedi. Le garant de la Nation qui garde encore la main sur les évènements.

L’entérinement contre vents et marées de l’équipe Kadima par l’Assemblée nationale n’est pas une fin en soi. Encore faudrait-il qu’elle soit nommée par le Président de la République comme le veulent les lois de la République. Tshisekedi fils se trouve seul devant sa conscience. Le cas Malonda faisant jurisprudence, le chef de l’État pourrait replonger le pays dans une crise pré-électorale dont le scénario est malheureusement bien connu, pour l’avoir déjà vécu en 2016, avec le « glissement », puis le report du scrutin en 2018.

Et cette crise pourrait emmener son lot de manifestations et de répression. Tshisekedi garde encore la main sur les événements. Car, après le vote de l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat doit valider le nom du nouveau président de la CENI. Ce qui n’est pas encore fait. Il reste donc une dernière chance au Président de la République pour ne pas passer en force. Mais les tractations risquent encore d’être longues, faisant peser la crainte d’un glissement du calendrier électoral. Un report qui prolongerait le mandat de Félix Tshisekedi.


En nommant Denis Kadima, Félix Tshisekedi s’éloignerait encore un peu plus de deux « principales » confessions religieuses du pays. L’Eglise catholique et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui disposeraient à elles seules 80% des Congolais. Ce qui contraste avec les 20% des six confessions religieuses ayant fait le choix sur Denis Kadima. Les catholiques, eux, depuis 1990 ont toujours un rôle à jouer dans la scène politique congolaise. Pas pour rien que l’abbé N’Shole, intervenant sur RFI le dimanche 19 octobre, « a affirmé tout haut qu’il ne faut rien attendre de Kadima ».

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Alors qu’il y a eu cacophonie à l’Assemblée nationale pour entériner Kadima, des dizaines des milliers des Congolais défilaient sur les artères de Kinshasa pour dire non à Kadima et à la politisation de la CENI. Cette frange des Congolais fidèles à Martin Fayulu et Adolphe Muzito s’est toujours opposée à Tshisekedi depuis les élections du 30 décembre 2018. Elle devrait compter avec le FCC/Kabila, l’église catholique, l’ECC et les ONG des droits de l’homme pour faire bloc contre le pouvoir.

La nomination de Denis Kadima par le Président de la République sousentend également la fin du deal avec Moïse Katumbi. L’Ensemble pour la République, deuxième force au sein de l’Union sacrée, a plusieurs fois menacé de quitter le navire, mais a, cette fois-ci, la meilleure occasion de mettre fin à sa collaboration avec Tshisekedi. « Le pouvoir a franchi la ligne rouge », affirme le camp Katumbi dénonçant le débauchage d’un de ses députés pour le bureau de la nouvelle CENI.

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Rachidi Mabandu

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