Il est à peine 10 heures le mardi 28 décembre 2021 au centre ville de Beni, dans la province du Nord-Kivu. Entourés des débris de verres et des chaises déchiquetées, les travailleurs du resto bar INBOX tente de réaménager les lieux après une explosion à la bombe la nuit du 25 décembre 2021.
En dépit de l’incident tragique vécu dans la soirée de Noël, le personnel du resto bar Inbox est déterminé à braver la peur et à reprendre les activités.
« Nous avons perdu nos clients ainsi que des biens matériels lors de cette attaque. Cependant, céder à la peur, c’est donner du poids à l’ennemi. Notre plus grand souhait est de nous réorganiser et ainsi continuer avec les activités », a confié l’un des agents de ce bar resto qui a été la cible d’une attaque à la bombe la soirée du 25 décembre, occasionnant ainsi la mort de huit (8) personnes ainsi que quatorze (14) autres blessés.
Depuis 2014, la population de Beni et environs vit un cycle de guerre caractérisé par des violences et exactions contre les civils. Plus de sept mille (7.000) personnes ont déjà été tuées au cours de ces atrocités menées par des groupes armés dont particulièrement les rebelles terroristes des Forces Démocratiques Alliées (ADF).
Cependant, malgré cette situation de crise, les habitants de Beni ont su développer une attitude résiliente qui leur permet de se réorganiser et de surmonter les casses après chaque tragédie.
Partir et revenir
L’opinion se souviendra qu’au lendemain des premières tueries à Beni en 2014, les populations vidaient les zones ciblées, après chaque passage des rebelles ADF. Ces habitants partaient, mais regagnaient toujours leurs lieux d’habitation.
« Nous ne pouvions pas abandonner définitivement nos biens péniblement acquis ! Si on se réfugiait ailleurs, c’était pour la sécurité de nos familles, mais nulle n’était question de céder à l’ennemi, car on revenait toujours », se rappelle Gervais Makelele, habitant le quartier Bel air dans la commune Rwenzori, un quartier jadis cible des attaques des ADF.
« Pour la survie de notre chère ville, nous avons enduré, et notre persévérance a motivé les Forces armées à se battre sérieusement pour que nous ayons la moindre quiétude », indique-t-il.
« C’est de la résilience de son peuple que Beni survit »
La détermination des habitants de Beni à reconstruire après chaque choc, a permis à cette ville de résister à la permanente menace que sont les rebelles ADF.
La résilience de la population de Beni demeure « une attitude louable et un pilier indispensable au rétablissement de la paix dans la région ».
Lorsque l’on voit les opérateurs économiques construire de beaux immeubles à Beni, des restaurants, des hôtels, de nouvelles écoles et universités, l’on se dit qu’il y a encore de l’espoir et cela motive le Gouvernement et la population à accélérer les mécanismes nécessaires pour le retour de la paix.
Des slogans créés pour rester positifs
« Beni njo Nyumbani » (Beni c’est chez nous), « Hatu toki Beni » (Nous n’allons pas partir d’ici), « Beni Survivra », Hakuna Congo bila Beni » (il n’y a pas de Congo sans Beni), voilà quelques slogans développés par les habitants de Beni dans le seul objectif de garder l’esprit positif, nourrir l’optimisme et ainsi sculpter un espoir en aspirant à un meilleur avenir. Désormais, toutes les couches sociales, soit les artistes, militants, religieux et autorités utilisent ces slogans pour prêcher le retour de la paix dans la région.
« La paix est d’abord un état d’esprit et c’est grâce à cet état d’esprit que nous parviendrons à reconstruire la sécurité », a reconnu un jeune artiste de la place.
Dans le même fil d’idée Idi Limengo, un jeune entrepreneur estime que quitter Beni à cause de la guerre serait contre le patriotisme.
« Je ne peux jamais fuir malgré toutes ces atrocités parce que Beni c’est ma maison, une terre d’espoir, un petit paradis enfui dans la RDC », dit ce jeune homme pour qui la population a le devoir de protéger Beni et de défendre l’intégrité du territoire national.
Après plusieurs années de guerre, la ville de Beni survit encore. La population locale parvient à surmonter les tensions et les violences régulières.
Les autorités quant à elles, « font de leur possible en vue de rétablir la situation sécuritaire ».
Pendant ce temps, l’armée congolaise, qui se dit déterminée à restaurer la paix dans cette région, poursuit des opérations militaires conjointes avec les forces armées ougandaise pour anéantir complètement la capacité de nuisance des forces négatives.
Lors des communiqués officiels régulièrement publiés, l’armée demande toujours à la population de faire confiance au Gouvernement congolais et de collaborer avec les autorités militaires pour la réussite de ces opérations.
David Lupemba