Candidat transhumant, Katumbi n’a pas aimé (Tribune de Thierry Monsenepwo)

 

L’année électorale 2023 démarre sur les chapeaux de roues, et tout laisse entrevoir, qu’entre les candidats déclarés à la course au top job rd congolais, les coups en-dessous de la ceinture seront nombreux. On en veut pour preuve cette hargneuse campagne anticipée qui s’amorce bien que légalement, cette période de corps-à-corps préélectorale voulue brève par tous les législateurs du monde – pour des raisons évidentes – est encore loin d’être ouverte.

C’est le 4 janvier 2023, jour dédié à la célébration des martyrs de l’indépendance du pays, et solennellement célébré par tous les pouvoirs qui se sont succédé à la tête de la RDC pour sceller l’unité des Congolais autour des luttes et sacrifices humains qui permirent la décolonisation que le candidat Moïse Katumbi Chapwe a choisi pour dégainer, inaugurant ainsi un combat manifestement perdu d’avance. Les premières piques acérées de l’homme d’affaires et ex-gouverneur du Katanga ont ciblé Lambert Mende Omalanga, un leader lumumbiste allié à Félix-Antoine Tshisekedi dont il fait partie de l’Union sacrée de la nation connu comme un acteur politique qui n’a pas l’habitude de se croiser les bras face à une attaque ou de se taire lorsqu’il en va de la défense des intérêts du camp auquel il appartient.

Interrogé récemment par un média kinois au sujet de la candidature déclarée de l’ancien gouverneur du Katanga à la présidentielle 2023, malgré les soupçons de nationalité douteuse qui lui collent à la peau, l’ancien porte-parole du gouvernement sous Joseph Kabila avait stigmatisé la tendance répétitive à la transhumance de Moïse Katumbi qui, en 2016 et en 2022, a opportunément changé de casquette à l’approche d’une échéance électorale après avoir tiré un gros profit d’alliances ainsi reniées à la dernière minute tout en refusant d’en assumer le bilan. Une attitude qui traduit le refus de porter la responsabilité de ses options, particulièrement déplorable lorsqu’on aspire aux plus hautes charges de l’État.


En réplique à cette analyse, M. Katumbi n’a pas trouvé mieux que de se payer les services d’un animateur des tristement célèbres réseaux sociaux, Peter Tiani, pour déverser une bile haineuse sur Lambert Mende, ce qui révèle un des traits saillants de l’agir politique de l’«homme d’action» (ainsi qu’aime à se définir Katumbi lui-même).

Lire aussi  "Au nom de l'intérêt du peuple", une phrase devenue comme une clé passe partout au milieu politique de la RDC (Tribune)

Ainsi, le candidat-président de la République Démocratique du Congo qui affirme ‘urbi et orbi’ sa détermination à sauver le peuple congolais répugne à répondre personnellement à un reproche aussi banal qui lui est adressé sur sa propension présumée à bénéficier et exploiter des ressources publiques que lui procurent ses alliances politiques avant de retourner sa tunique à chaque fois. Probablement parce que le débat public n’a jamais fait partie de son univers mental. Le ‘’démocrate’’ Katumbi préfère faire anathémiser quiconque le critique par des sbires stipendiés sans trop se soucier de la nature et de la qualité des voies et moyens usités par ces derniers.

Ainsi en est-il de ce choix porté sur un présomptueux sabreur borné, inculte et réputé acquis au meilleur payeur pour asséner une volée de bois vert à l’Honorable Lambert Mende. Pour défendre son généreux maître des accusations de transhumance itérative, ce bretteur n’a pas trouvé mieux que de qualifier ce lumumbiste devant l’Éternel de transhumant lui aussi. Au motif qu’il a participé à la tête de sa formation politique, créée dans les cendres du courant indépendantiste initié par l’inoubliable père de l’indépendance congolaise Patrice-Emery Lumumba, avant son ignoble assassinat au Katanga en 1961 à divers gouvernements de coalition pendant la Conférence nationale souveraine puis sous les deux quinquennats de Joseph Kabila.

Force est de constater que cette jactance insultante contre M. Mende révèle plutôt les lacunes intellectuels de ses auteurs. Etant donné que s’il y a un fait dont on est sûr et certain, c’est que l’élu de Lodja n’a jamais mis les membres du parti politique auquel il appartient depuis son retour d’exil au début des années ’90, le MNC-Lumumba Originel (MNCL/O) – débaptisé par la suite pour devenir la Convention des Congolais Unis (CCU) – dans l’obligation d’avoir à le considérer comme un élément nomadisant sur les positions duquel d’aucuns devaient à se démarquer, ce parti sous son leadership ayant, dans son ensemble adhéré, non à un autre parti, mais à des coalitions de partis ou des gouvernements d’union (USORAL, MP, USN).

Lire aussi  Assemblée Nationale : Sessanga, Lubaya...ces députés absentéistes et inutilement bavards (Tribune)

L’autre argument éructé par le janissaire katumbiste contre Lambert Mende est qu’il aurait « craché » sur la mémoire des opposants au régime de Joseph Kabila dont il fut le porte-parole du gouvernement notamment Rossy Mukendi, feu Etienne Tshisekedi et le général Mamadou Ndala. Le porte-voix de M. Katumbi entend de la sorte surfer sur le capital affectif que l’opinion accorde à divers degrés à ces personnalités d’heureuse mémoire au profit de son maître. Mais même alors, l’argumentaire est loin de tenir la route, le choix de ces figures historiques relevant plutôt d’un amalgame évanescent car le seul lien entre Rossy Mukendi et le général Mamadou Ndala avec Lambert Mende réside dans le fait que leurs morts violentes sont survenues alors que ce dernier assumait les charges de porte-parole du gouvernement. Au cours des procès qui ont eu lieu autour de ces malheureux événements, le nom de l’alors ministre de la Communication n’a été cité ni de près, ni de loin dans les crimes odieux qui leur ont coûté la vie. Mieux, feu le général Mamadou Ndala fut jusqu’à son décès, très proche de Lambert Mende dont l’implication ne fut pas des moindres dans l’élévation de ce vaillant officier supérieur au rang de général de brigade des FARDC à titre posthume. Quant au Dr. Etienne Tshisekedi wa Mulumba mort des suites de maladie en 2017, les propos aigres-doux entre sa formation politique alors opposée à la Majorité présidentielle dont M. Mende était un des sociétaires pendant les houleuses campagnes électorales de 2006 et 2011 procèdent du jeu démocratique normal et ne peuvent en aucune manière concerner ce dernier ‘intuitu personae’.

De ce qui précède, il ne reste des aboiements de ce chahuteur recruté par Katumbi qu’un tintamarre sans substance. Le degré zéro de la communication politique.

Tribune signée Thierry Monsenepwo

 

Lire aussi

Les plus populaires