Bukanga Lonzo : l’ « empoisonnement » annoncé avec pompe par Matata Ponyo cache mal son intention de se soustraire à la justice

 

Matata Ponyo est-il réellement empoisonné ou s’agit-il d’une simple fuite en avant du sénateur pour se soustraire à la justice ? Ce qui est vrai, l’annonce de l’ « empoisonnement » de l’ancien Premier ministre intervient juste 24 heures après que le Procureur général près la Cour constitutionnelle ait délivré une invitation le lundi 20 juillet à charge de l’ancien collaborateur de Joseph Kabila.

Qu’est-ce qui se cache derrière l’annonce avec pompe ce mardi 20 juillet au matin dans les réseaux sociaux de l’empoisonnement de Matata ? Une annonce qui sort un peu plus de l’ordinaire. Une première pour une autorité rd-congolaise d’annoncer lui-même au grand public le résultat de son test médical. D’habitude, les Congolais sont habitués de se contenter de fuite ou des rumeurs autour de l’état de santé de leurs gouvernants. Trop beau pour être vrai.

Il n’est pas surprenant qu’Augustin Matata multiplie des stratégies pour échapper à la justice surtout quand il s’agit de l’affaire liée au projet agro-industriel de Bukanga Lonzo. Plusieurs millions USD du Trésor public y ont été engloutis. Et Matata, alors Premier ministre, devrait s’expliquer sur l’échec dudit projet. Mais l’ « homme à la cravate rouge », qui est pourtant revenu au pays pour affronter la justice, multiplie des manoeuvres pour ne pas répondre à l’invitation du PG près la Cour constitutionnelle. Un réquisitoire envoyé au Sénat pour la levée de ses immunités ayant même été rejeté par la plénière.


Augustin Matata Ponyo a peut-être cru que le camouflet infligé au PG près la Cour constitutionnelle par ses collègues du Sénat suffirait pour classer l’affaire Bukanga Lonzo. L’ancien Premier ministre n’a pas cru un seul instant qu’un deuxième réquisitoire sur un autre dossier l’incriminant serait délivré. Comme par coïncidence, le deuxième réquisitoire de la justice est tombé au moment où les sénateurs étaient en vacances parlementaires. Le sort de Matata était donc aux mains du bureau. Or, Bahati Lukwebo, accusé, peut-être à tort, d’être en connivence avec des auteurs de détournement des deniers publics, a cette fois-là, répondu positivement au souci de Félix Tshiskedi en livrant Matata à la justice. Fin de l’épisode.

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La surprise désagréable de Matata est arrivée au moment où il ne s’attendait le moins. La main levée de la justice sur l’affaire des victimes de la zaïrianisation après la mise en résidence surveillée de l’ancien Premier ministre n’a pas mis fin aux déboires judiciaires du sénateur. Bien au contraire. C’est au bureau du PG près la Cour constitutionnelle que Matata Ponyo, représenté par ses avocats, a découvert qu’il s’agit désormais de l’inévitable dossier Bukanga Lonzo qu’il a toujours voulu esquiver.

Face à cette découverte « macabre », l’ancien Premier ministre n’a pas eu d’autres choix que d’abattre une dernière carte en se passant pour une victime d’empoisonnement. Or, il n’est plus un secret, le commun des Congolais savent tous que toutes les autorités en bonne santé se déclarent malades lorsqu’elles ont des démêlés avec la justice. Les exemples sont légion. Et c’est à travers cette piste que Matata veut cette fois-ci se dérober de la justice qui, pourtant, ne veut qu’avoir sa version des faits sur les accusations de détournement qui pèsent sur lui.

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D’une manière ou d’une autre, la simple annonce d’un empoisonnement par l’intéressé ne peut, en aucun cas, dissuader la justice. Le PG près la Cour constitutionnelle est appelé à peser de tout son poids pour obtenir la prise en charge sanitaire par l’État de Matata Ponyo. Seuls des médecins légistes engagés par l’État devront affirmer ou dans un certain cas infirmer l’empoisonnement du sénateur. Le souci de l’opinion est de connaitre la vérité sur la destination de l’argent du contribuable congolais affecté au projet agro pastoral de Bukanga Lonzo.

Rachidi Mabandu

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