L’annonce de la fermeture du marché Central de Kinshasa pour raisons « d’assainissement et de réhabilitation » continue à susciter polémique, comme lors de sa première initiative en avril 2020, lors du confinement de la ville de Kinshasa. L’urbaniste congolais, Fiston Ilangi Ndeke qui critique l’arrêté pris par le gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka à cet effet, pense que la réhabilitation et la relocalisation de ce lieu de négoce devraient en tenant compte des descriptions urbanistiques, architecturales et environnementales.
« Le marché Central de Kinshasa est le seul que nous avons dans la ville province de Kinshasa. Tous les jours, cet endroit de négoce traîne des mouvements pendulaires. Tout le monde qui quitte son domicile se dirige vers ce marché. Pourtant, la ville de Kinshasa a plusieurs communes. Ce que devrait faire le gouverneur, c’est doter chaque commune d’un équipement commercial parmi lequel un marché moderne dont le deficit reste inquiétant. Vous allez vous rendre compte que tout le monde ne sera pas obligé d’aller au marché Central », a-t-il confié à ACTU7.CD.
Cet assistant deuxième mandat à l’Institut Supérieur d’Architecture et d’Urbanisme ajoute, « si chaque commune a un marché moderne, cela va entraîner la rétention de la population dans ses communes respectives minimisant tant soit peu la problématique des embouteillages dans la ville. À lire son arrêté, le gouverneur a décidé de la fermeture du marché Central sans penser à la construction des marchés municipaux modernes, capables de résoudre plusieurs problèmes à la fois ».
Celui-ci remet en cause la trame d’accueil mise en place par le premier citoyen de la ville.
« En soi, le grand marché est synonyme des concentrations des problèmes, des personnes, des déchets, des marchandises, des véhicules, des kuluna, etc. Alors il faut être très prudent quand on veut mener pareille opération. Le gouverneur a aménagé quelque part à Lingwala, est-ce que cet aménagement respecte les prescriptions ou les exigences urbanistiques et architecturales », s’interroge t-il.
Cet expert dans la création des villes regrette que « cette fermeture a été faite de manière spontanée et que les Kinois ne savent quand est-ce le marché sera rouvert ».
« Nous ne savons même pas la durée de ces travaux, ni le coût du budget. Et que deviendront ces endroits que le gouverneur est entrain d’aménager. Au lieu d’aménager simplement, pourquoi ne pas construire carrément. D’abord, cet aménagement se fait rapidement et moyennant un budget. Voilà comment l’État jette de l’argent par la fenêtre sans le savoir », déplore cet expert.
Il conclut que « cette aventure est comparable à celle qui a caractérisé la construction du saut-de-mouton de Socimat. l’État qui avait trouvé une route de secours derrière showbuzz n’avait pas voulu la construire avant de fermer le boulevard pour des travaux. Aujourd’hui nous aurions bénéficié et du sauts-de-mouton et de cette route pourtant laissée dans un état de piteux ».
Josué Mfutila